La foi pure et juste de l’époque médiévale selon les Francs

Gerardo Moreno

Au Moyen Âge, une des convictions les plus inébranlables et fortifiées dans l’esprit français était le Christianisme. À cette époque, les Francs ont multiplié leurs efforts pour que le Christianisme soit répandu dans d’autres régions d’Europe, et ils ont adopté une position défensive contre ceux qui ne partageaient pas leurs avis religieux et s’y sont opposés, appelés Sarrasins ou « les autres ». Dans cet article, nous analyserons la défense du Christianisme entendue dans le combat continu entre les Francs et les Sarrasins, ainsi que la nécessité de propager ces croyances chrétiennes dans l’œuvre La Prise de Orange, une chanson de geste médiévale avec un auteur anonyme du XIIIème siècle. Concrètement, nous explorerons à travers le contexte socioculturel trois événements dans cette histoire qui illustrent la défense des croyances chrétiennes, le désir de propager ces croyances à d’autres territoires et la pureté du Christianisme par rapport à d’autres religions.

Cet essai prouvera que la culture de la société française du Moyen Âge était gouvernée par la foi en Dieu et la défense de celle-ci contre les païens (Sarrasins). De plus, nous démontrerons que les Francs de l’époque médiévale avaient le Christianisme imprégné dans leur esprit et que le service à Dieu gouvernait leurs actions. Comme nous observerons plus tard, tous ces faits ont été produits par le conflit opposant l’Église au paganisme (Lecouteux 700). Tout d’abord, nous étudierons le fait que Guillaume « l’audacieux » (le héros de l’histoire) après avoir appris l’existence d’une citadelle étourdissante et d’une Dame splendide, voulut conquérir aussi bien Orange qu’Orable. En d’autres termes, Guillaume voulait les enlever de la domination païenne et les convertir au Christianisme malgré la difficulté de ce défi et du fait de déjà posséder un beau royaume à Nîmes. Ensuite, nous analyserons la raison du regret d’Orable de ne s’être pas convertie à la foi chrétienne avant d’être emprisonnée dans le cachot avec Guillaume et son neveu Guibelin. À ce moment, elle était au courant que son esprit n’était pas pur à cause de ne pas être chrétienne et qu’elle pouvait recevoir une punition divine si elle mourait comme païenne. Finalement, nous réfléchirons sur la conversion d’Orable au Christianisme une fois que Guillaume, Bertrand, Guibelin, Guilbert et l’armée des Francs qui venait de Nîmes ont vaincu les mille Sarrasins, ont défendu leur position dans Gloriette (belle tour principale d’Orange) et ont réclamé Orange comme territoire franc.

Avant d’explorer les arguments qui supportent la thèse de cet essai, nous devons remonter à l’époque où tout cela a commencé et, par conséquent, illustrer l’enracinement du Français dans la foi chrétienne. Avec l’aide de l’histoire de l’établissement du Christianisme en Gaule, nous pourrons donner un contexte socio-culturel à la défense de la foi en Dieu propre aux Francs.

Bien qu’il y ait eu quelques débats sur l’origine concrète et réelle de la société française et le début de son Christianisme, les histoires traditionnelles du balbutiement de la France offrent une certaine cohérence. Au Ve siècle, après l’invasion des Barbares Germains, tous les trois, les Francs, les Wisigoths et les Bourguignons se sont répartis les territoires de l’ex-province romaine, la Gaule, et ont forcé les Romains catholiques à travailler avec eux (James 1). À la fin du Ve siècle, cette occupation des Francs a retardé l’établissement du Christianisme dans les régions où ils étaient établis (James 1). Cependant, le roi Clovis I, roi des Francs de 481 à 511 et le premier roi qui a changé la gouvernance du territoire français d’un groupe élite de chefs à un seul roi dont le trône a été laissé à son héritier, est devenu catholique à travers le baptême (James 1). Par conséquent, les Romains catholiques ont favorisé le travail avec les Francs plus qu’avec les autres Germains parce que les autres pratiquaient l’Arianisme (démenti de la divinité du Christ). Clovis I et ses fils ont pris le contrôle et ont agrandi le territoire au-delà du Rhin en Allemagne et même en Italie (James 1). Après le royaume de Clovis et de ses descendants, les Mérovingiens ont pris le contrôle et l’ont retenu pendant 250 ans (James 1). De toute façon, le territoire franc était déjà unifié et gouverné par le Christianisme à cause de la volonté de Clovis I d’avoir une relation politique stable et forte avec les Romains et de s’aider mutuellement pour agrandir leurs territoires et la foi chrétienne (James 1).

À ce point-ci, après avoir donné un contexte à l’établissement du Christianisme et conclu que la raison de l’adoption de cette foi était simplement politique, nous pouvons explorer l’origine de la haine contre le courant de l’Islam. Il est vrai qu’au Moyen Âge, les chrétiens de l’Europe occidentale avaient des opinions et des idées hostiles envers l’Islam. Cependant, le cas des Francs est très spécial et unique parce que ce sont eux qui ont retenu une attitude négative et un préjugé pendant quelques temps. Pour raconter l’histoire, nous utiliserons une des formes de narrations de l’époque médiévale très populaire, une chanson de geste. Spécifiquement, nous utiliserons une des œuvres littéraires les plus importantes et les plus influentes du Moyen Âge, la Chanson de Roland. Dans son article, « Popular Attitudes Toward Islam in Medieval Europe, » Moran Cruz raconte le moment dans la Chanson de Roland où l’armée de Charlemagne (un jeune roi en 778) était prête à aider les Musulmans de Barcelone et Saragosse contre le calife d’Umayyad en Cordoba, comme si le calife était un mercenaire pour l’Islam. Malheureusement, cette campagne n’a pas marché comme tout le monde l’espérait pour certaines raisons. Quand l’armée de Charlemagne est retournée au territoire Franc, les chevaliers ont braqué la ville de Pampelune. Pour faire une riposte contre cette attaque, les Basques ont suivi l’armée de Charlemagne jusqu’aux Pyrénées et ont tué tous les chevaliers et récupéré leurs possessions. Cette attaque a représenté la seule défaite de Charlemagne, et à cause d’elle, il a décidé de se venger des Sarrasins. Il a conquis toute l’Espagne, sauf la ville de Saragosse, donc dans la bataille de Roncevaux, les Francs ont lutté contre les Sarrasins pour la ville et ils l’ont gagnée malgré la mort de Roland (le neveu de Charlemagne). De cette façon, cette chanson de geste décrit les Sarrasins comme malfaisants et injustes à cause seulement d’avoir des croyances différentes de celles de Francs, et pour cette raison, ils ont perdu la bataille et la ville (Moran Cruz 56). Comme nous pouvons le voir, la haine contre la religion islamique et la défense du Christianisme sont venues du temps de Charlemagne. La trahison contre lui et son armée de Francs a causé le déclenchement de leur courroux contre une croyance qu’ils ne considéraient pas comme une foi pure et correcte.

Maintenant, nous explorerons trois événements qui illustrent la défense du Christianisme au Moyen Âge. Avec l’aide de la littérature de cette époque, nous avons été témoins que le Christianisme était le pouvoir qui gouverne la culture de la société française à cet âge. Les œuvres littéraires comme celle du Cycle de Guillaume d’Orange démontrent la fidélité envers Dieu. Spécifiquement, nous pouvons trouver des évidences de ce loyalisme chrétien dans une des chansons de geste à propos de Guillaume d’Orange, appelée La Prise d’Orange, un poème médiéval de 1,888 vers en décasyllabes écrits entre la fin du XIIème siècle et le début du XIIIème.

Tout d’abord, nous pouvons observer la défense du Christianisme contre les « autres » et leur foi et la propagation de croyances chrétiennes. Au préalable, le héros de l’histoire, Guillaume gouverneur de Nîmes, a trouvé grand plaisir après avoir écouté les descriptions très vivantes et attrayantes de Gilbert sur la ville d’Orange (qui se trouve au nord-est de Nîmes), une citadelle principale avec des murs élevés, une forteresse construite avec une habilité admirable et avec un souci du détail étonnant pour les yeux humains (« William, Count of Orange : Four Old French Epics » 97-98). Une ville sans comparaison à cause de la combinaison entre la beauté de sa structure et les beaux sons des animaux qui habitent à l’intérieur de ses murs (« William, Count of Orange : Four Old French Epics » 97-98). De la même manière, Guilbert a procédé à décrire la dame Orable (l’épouse du roi d’Afrique, Tibalt, mais qui n’habitait pas avec lui) avec beaucoup de détails et raconte sa belle forme de la tête aux pieds, son cou svelte, sa peau blanche et sa beauté incomparable (97-98). Après avoir appris ces détails sur Orange et sur Orable, Guillaume est devenu anxieux et enthousiaste de les voir malgré le fait qu’Orange était contrôlée par les Sarrasins et Orable n’avait pas la foi en Dieu (99-100).

Au début, le désir de Guillaume semble représenter une menace envers sa chevalerie et son bonheur, ainsi que les valeurs du monde chrétien afin de favoriser son salut personnel à travers la satisfaction d’un souhait matériel (Maclnnes 34). Cependant, Guillaume savait bien les défis que cette visite pourrait donner, mais il savait aussi que la propagation et la défense du Christianisme valaient mille batailles. Ensuite, tous les trois, Guillaume, Guibelin et Guilbert sont partis à Orange, sont venus sur le Rhône en dessous de Beaucaire, et l’ont traversé. Ensuite, ils ont traversé le Sorgue et ont passé Avignon, directement vers Orange. Malgré la distance de ce voyage, Guillaume a pris la peine de le faire pour visiter la citadelle et voir la dame à cause du fait que la culture de la société française de cette époque était gouvernée par l’idée que les « autres » avaient une foi qui n’était pas pure, et qu’ils devaient se battre avec n’importe qui et n’importe où afin de propager la foi que les Francs trouvaient correcte.

Ensuite, le second événement trouvé dans cette chanson de geste qui prouve l’enracinement du Christianisme chez les Francs se trouve lorsque Guillaume, son neveu Guibelin et Orable (la belle-mère d’Arragon) finissent dans le donjon après qu’Arragon (le roi sarrasin d’Orange et fils de Tibalt) les a punis pour se faire passer pour disciples de Tibalt et avoir tué des milliers de Sarrasins (« William, Count of Orange : Four Old French Epics » 122). Dans le donjon, Orable savait qu’elle avait fait du mal parce qu’elle avait vécu sa vie comme païenne (sa foi n’était pas pure comme celle des Chrétiens), par conséquent, avec l’incertitude de s’ils étaient en train de mourir ou non, une de ses dernières lamentations était le fait qu’elle n’était pas baptisée, et donc pas chrétienne (122).

Pour donner un contexte à l’analyse morale faite par Orable, nous devons souligner qu’elle a trahi sa patrie, sa foi, son mari et son beau-fils pour l’amour de l’ennemi. Cependant, pour les auditeurs chrétiens de l’époque médiévale, cette action ne représentait pas une trahison, mais une action méritoire afin d’adopter la vraie foi (Knudson 456). Ce nouvel événement prouve qu’Orable représentait le concept incrusté dans les esprits par la société que l’Islam représentait une foi immonde et méritant la punition divine et que le Christianisme représentait une foi pure et avec une récompense divine lorsque le moment serait venu. Par ailleurs, Orable, Guillaume, Guibelin et tous les Francs étaient sûrs que mourir comme croyants de Dieu était un décès vraiment digne, plutôt que comme croyants de l’Islam. Cette fois-ci, les héros francs et Orable se sont sortis de cette horrible situation, après que Gilbert est revenu et avec l’aide de Bertrand (aussi neveu de Guillaume) et de l’armée des Francs qui venait de Nîmes, ils ont conquis le reste des Sarrasins qui se sont battus avec eux et ont pris le contrôle de la citadelle d’Orange.

Finalement, le troisième événement dans la chanson de geste de l’époque médiévale La Prise d’Orange se trouve juste à la fin de l’histoire lorsque les Francs dirigés par Guillaume, Guibelin, Bertrand et Guilbert ont conquis la ville d’Orange et Guillaume a conquis le cœur d’Orable, ils les ont baptisés toutes les deux comme chrétiennes, et ont, en fait, changé le prénom d’Orable à Guibourc (un prénom franc) pour symboliser sa renaissance comme Chrétienne (« William, Count of Orange : Four Old French Epics » 127-128). Ce baptême a été fait parce que tous étaient d’accord qu’Orable devait abandonner sa forme païenne et se convertir à la pureté (127-128). Aussi, après son baptême Orable était prête à se marier avec Guillaume avec l’aide de l’évêque Guimer de Nîmes et à commencer une nouvelle vie dans la foi chrétienne, la foi que les Francs croyaient être correcte (127-128). De plus, les Francs ont pris le contrôle total d’Orange et l’ont rendue partie du territoire franc donc, partie du territoire chrétien (127-128).

Guillaume conquiert la citadelle, mais son aventure continue avec la conquête de la superbe dame Orable, qui abandonne son mari (Tibalt) et sa foi (non chrétienne) afin de remettre la citadelle d’Orange aux envahisseurs francs et d’accepter le baptême par eux (Kinoshita 265). Avec ce changement de foi, Orable fait partie des croyants de la foi pure et de la foi juste (selon les Francs) et elle a quitté sa vie de méfaits et de mal sous les croyances d’une foi païenne et immonde. De cette façon, elle a compris que la religion chrétienne était le chemin honorable pour avoir une vie pure, saine et durable sous la doctrine de Dieu. Grâce à cette rédemption, nous sommes témoins qu’Orable était consciente de son erreur de vivre une vie en dehors du Christianisme et de sa volonté de devenir chrétienne parce que la mort était une possibilité imminente.

Comme nous l’avons observé dans cet essai, la défense du Christianisme était le pouvoir qui permettait que les Francs avançassent comme société et qu’ils préservassent leur culture. La propagation de cette foi, ainsi que sa défense représentaient les intérêts les plus importants pour les Français du Moyen Âge. Pour démontrer ce fait, nous avons utilisé quelques évidences (trois pour être précis) dans cet essai. Ces évidences ont été trouvées dans la chanson de geste médiévale La Prise d’Orange. Tout d’abord, nous avons raconté l’anxiété de Guillaume d’Orange en entendant les descriptions d’Orange et d’Orable par Guilbert. Juste après, il voulait les voir, les conquérir et les convertir au Christianisme. Ensuite, nous avons raconté le regret d’Orable face à une mort presque imminente de n’être pas devenue chrétienne avant de se trouver dans cette situation. Elle pensait que son paganisme recevrait une punition divine. Finalement, nous avons raconté le baptême d’Orable après la conquête d’Orange pour la rendre chrétienne et pour lui permettre de se marier avec un Franc, Guillaume. Avec ce baptême, les Francs ont purifié son esprit, et avec la conquête d’Orange, ils ont converti le territoire sarrasin en territoire franc et territoire chrétien. De cette façon, ce travail d’investigation soutient le fait que le Christianisme était le pouvoir qui dominait la culture de la société française au Moyen Âge. Il permet de renforcer les recherches déjà faites sur l’importance des chansons de geste médiévales dans la christianisation des Francs et l’anéantissement de toutes les religions non chrétiennes sur le territoire franc.


BIBLIOGRAPHIE

Guillaume d’Orange (Chansons de geste) English, and Glanville Price, Tr. William, Count of Orange: Four Old French Epics. Edited by Glanville Price, with an Introd. by Lynette Muir. Tr. by Glanville Price. Dent, 1975.

James, Edward. The Origins of France: From Clovis to the Capetians, 500-1000. St. Martin’s Press, 1982. EBSCOhost, search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=cat00846a&AN=ucfl.025008424&site=eds-live&scope=site.

Kinoshita, Sharon. “The Politics of Courtly Love: ‘La Prise d’Orange’ and the Conversion of the Saracen Queen.” Romanic Review, vol. 86, no. 2, Mar. 1995, pp. 265-287. EBSCOhost, search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=mzh&AN=1995047055&authtype=shib&site=ehost-live&scope=site.

Knudson, Charles A. “Le Thème de La Princesse Sarrasine Dans ‘La Prise d’Orange.’” Romance Philology, vol. 22, no. 4, 1969, pp. 449-462. JSTOR Journals, www.jstor.org/stable/44940461.

Lecouteux, Claude. “Paganisme, Christianisme et Merveilleux.” Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 37, no. 4, 1982, pp. 700-716. JSTOR Journals, www.jstor.org/stable/27581540

MacInnes, John W. “Gloriette: The Function of the Tower and the Name in the Prise d’Orange.” Olifant: A Publication of the Société Rencesvals, American-Canadian Branch, vol. 10, no. 1-2, 1982-1983, pp. 24-40. EBSCOhost, search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&db=edsbas&AN=edsbas.6FB1B271&site=eds-live&scope=site.

Moran Cruz, Jo A. “Popular Attitudes toward Islam in Medieval Europe.” Western Views of Islam in Medieval and Early Modern Europe: Perception of Other, edited by David R. Blanks and Michael Frassetto, Palgrave Macmillan, 1999, pp. 55-81.