L’Évolution des contes de fées envers les normes sociales et culturelles : Le développement des histoires traditionnelles fantastiques françaises comparées aux films Disney d’aujourd’hui
Roxane Perret
Les contes de fées ont inspiré notre société depuis longtemps, mais les changements des normes culturelles et sociales ont modifié leur message à travers les siècles. Depuis les contes de Madame d’Aulnoy au XVIIe siècle, les représentations sur l’amour, le mariage, le rôle des femmes et le message général ont radicalement changé. Afin de vraiment comprendre cela, nous allons utiliser une approche sociale et historique pour analyser la façon dont les contes de fées reflètent les comportements sociaux et les valeurs fondamentales de leur temps. D’abord, nous examinerons leurs vues envers l’amour et le mariage en connectant les comportements sociaux et les valeurs de leurs époques. Ensuite, nous analyserons le rôle des femmes en reliant cela aux stéréotypes sur les femmes de 1950. Finalement, nous étudierons les messages généraux de chaque version, la version de Madame d’Aulnoy, la version de Charles Perrault et finalement les versions de Disney. Grâce à cela, nous verrons l’évolution du temps et des règles sociales qui sont représentés dans les différentes versions de « Cendrillon, » et « la Belle au Bois Dormant. »
« Cendrillon » est une histoire très populaire dans le monde d’aujourd’hui, mais le message a changé à travers les années. Selon Friedman, « It was not Perrault but groups of writers, particularly aristocratic women, who gathered in salons during the seventeenth century and created the conditions for the rise of the fairy tale, » (Friedman 9). Une de ces femmes était Marie-Catherine d’Aulnoy, mieux connue sous le nom de Madame d’Aulnoy. Sa version de Cendrillon, « Finette Cendron », dépeint l’héroïne comme étant une jeune fille indépendante qui trouve toujours une solution pour rentrer chez elle, intelligente pour son ingéniosité et pleine d’intuition. Son intelligence est montrée plusieurs fois, quand elle trouva des solutions pour aller au bal, et quand elle « monta au chêne » pour voir plus loin, et sauver ses sœurs (d’Aulnoy 183). Elle est très intuitive, ne croyant jamais la reine quand elle essaye de perdre ses filles dans les bois, comme dans le conte du « Petit Poucet » par Charles Perrault. Une représentation de l’amour et du mariage est dépeinte dans l’union entre les parents de Finette Cendron. La femme avait tout le pouvoir, prenait toutes les décisions, et le roi était muet. Dans cette histoire, les hommes sont décrits en étant très émotifs : on voit par exemple, un père à qui ses filles manquent, et un prince qui tombe amoureux très rapidement d’une chaussure. Ce conte se concentre beaucoup plus sur le personnage principal de Finette, et non sur le bal et le prince ce qui est très rare dans les contes de fées d’aujourd’hui comme le « Cendrillon » de Disney. Ce conte développe le personnage de Finette, et démontre non seulement son intelligence, mais aussi sa gentillesse. Par exemple, elle dit « si j’étais une méchante fille, je m’en irais tout à l’heure, et je laisserais mourir mes sœurs ici, car elles me battent et égratignent jusqu’au sang » (d’Aulnoy 176) alors que ses sœurs la maltraitent. Elle est même gentille avec le cheval « je te donnerai de bonne avoine et de bon foin ; tu auras de la paille fraîche pour te coucher (d’Aulnoy 173). Sa gentillesse devient presque de la naïveté, car peu importe la gentillesse qu’elle montre à ses sœurs, elles la maltraiteront toujours. Sa marraine lui explique plusieurs fois qu’elle devrait laisser ses sœurs seules dans la forêt en disant « qu’elles sont trop malicieuses, et si vous les ramenez, je ne veux plus vous voir » (d’Aulnoy 178), mais elle les sauve quand même, et sa marraine la renie. Le message général est que la détermination et la gentillesse mènent au bonheur, ce que Finette Cendron prouve en étant avec le prince même après avoir été maltraitée toute sa vie.
La version de Charles Perrault intitulée « Cendrillon ou la petite pantoufle de ver » varie beaucoup de la version de Madame d’Aulnoy. Selon Friedman, « Mme d’Aulnoy and Charles Perrault allowed their criticisms of societal expectations and ideals to come through in their works » (11). Cette version n’a pas le côté féminin de l’histoire que Madame d’Aulnoy avait offerte, car les femmes ont beaucoup moins de pouvoir. La beauté de Cendrillon devient un atout important, quand elle est décrite comme étant « cent fois plus belle que ses sœurs » (Perrault 5), et ceci est répété plusieurs fois, car c’est sa caractéristique la plus importante. Les sœurs sont aussi décrites comme étant obsédées par la beauté. Leurs obsessions avec leurs visages et leurs vêtements montrent encore une fois l’importance que les femmes accordaient à la beauté au XVIIe siècle. Même si la beauté est importante, Charles Perrault montre la bonté et la gentillesse que Finette Cindron avait quand il dépeint Cendrillon en étant « d’une douceur et d’une bonté sans exemple » (Perrault 7). Cendrillon avait plusieurs chances de ruiner la vie de ses sœurs qui l’avaient traitée horriblement, elle aurait pu les coiffer « de travers ; mais elle était bonne, et elle les coiffa parfaitement bien » (Perrault 8). Comme dans l’histoire de Finette, ceci pourrait être interprété comme de la naïveté plus que de la gentillesse, car ses sœurs n’ont jamais mérité sa magnanimité. Les hommes et principalement le prince dans cette histoire, ne représentent pas la naïveté, mais ils sont toujours aussi émotifs en étant si amoureux de Cendrillon. Il y a aussi cette idée que le prince « sauve » Cendrillon de sa vie horrible, ce qui dépeint cette fille comme étant faible et incapable de sortir de cette situation elle-même, car elle est trop gentille et naïve et n’est pas noble comme Finette Cendron. La version de Charles Perrault montre que Cendrillon ne peut pas se sauver seule. Alors que la version de Madame d’Aulnoy avait montré que « one’s willingness, wit, and magnanimity make it possible to triumph» (Trinquet 38). Cette version dépeint Cendrillon comme étant beaucoup moins indépendante. Cependant, le message général reste assez proche de la version de Madame d’Aulnoy, car cette intrigue démontre que l’honnêteté et la bienveillance amèneront à une vie meilleure.
Disney a créé son dessin animé de 1950 basé sur l’histoire originale de Charles Perrault. Cependant avec un public très jeune, certaines idées ont changé. Le mariage et l’amour sont représentés comme étant les choses les plus importantes. Les sœurs de Cendrillon s’intéressent seulement au mariage, au prince, et à la beauté. Il y a cet accent sur le prince rencontrant quelqu’un qui pourrait avoir des enfants à un bal. Cette croyance que la seule chose qui importe pour les femmes est d’être fertile est répétée plusieurs fois par le roi. L’amour ne semble pas être un élément important pour le roi concernant le mariage de son fils, car il ne se soucie que d’avoir des petits enfants. Les différences entre les personnalités des femmes et des hommes sont très surprenantes. Différemment des autres versions de cette histoire, le prince est très stoïque et logique. Il ne semble pas vouloir se marier, sauf après avoir rencontré Cendrillon. Les sœurs de Cendrillon mettent toute l’importance sur un mariage avec le prince, pour la popularité, pour l’argent, et parce qu’il est « beau » alors que Cendrillon veut seulement danser, et aller au bal, car elle veut s’amuser et pas forcément tomber amoureuse. Les sœurs veulent épouser le prince pour des raisons égoïstes alors que Cendrillon est pure de cœur. Sa gentillesse est tellement pure qu’elle est aussi gentille et tendre envers les souris, ce qui est un thème qui est aussi montré dans la version de Finette, car sa gentillesse s’étend aussi jusqu’aux animaux, quand elle parle au cheval. Cette version diffère beaucoup des autres à cause de l’importance des rêves. La première chanson, et la plus connue, du dessin animé est « Tendre Rêve » (Disney), cette chanson est très optimiste, que demain sera meilleur et ses rêves d’une meilleure vie deviendront une réalité. Disney a trouvé une façon de rendre cette histoire beaucoup plus positive qu’elle ne l’était originalement. Le message de cette version est “suis tes rêves et tu trouveras le bonheur”. Le thème reste très similaire dans toutes les versions, soulignant l’importance de la gentillesse et le bonheur que cela ramène. Mais cette version donne une grande importance au rêve, comparée aux versions de Madame d’Aulnoy et de Perrault qui ne se concentraient pas sur ce thème, et achever ses rêves est un très beau message pour les enfants qui regardent, apprenant ainsi qu’avec de la volonté, ils peuvent accomplir tous leurs rêves.
Une autre histoire qui a changé dans le temps, mais a gardé une influence importante sur notre monde, est l’histoire de « La Belle Au bois Dormant ». La version de Madame d’Aulnoy est intitulée « La Biche Au Bois ». Elle décrit l’histoire d’un roi et d’une reine qui veulent désespérément un enfant. Après avoir essayé pendant des années sans succès, la reine se tourne vers la magie et les fées pour l’aider. L’amour et les mariages ont une importance considérable dans ce conte, mais c’est surtout la grossesse et les enfants qui sont fondamentaux. La reine dit même « Ne suis-je pas bien malheureuse […], de n’avoir point d’enfants ! Les plus pauvres femmes en ont » (d’Aulnoy 97), donc elle se trouve inférieure aux « pauvres femmes » alors qu’elle est reine, simplement parce qu’elle n’a pas d’enfants. C’est comme si elle pensait qu’elle a « échoué » à être une femme normale, car elle n’a pas produit d’héritier pour son mari, ce qui au 17e siècle était vu comme un échec. Dans la version de Madame d’Aulnoy, la représentation des femmes est très différente que dans « Finette Cendron, » car Désirée, la princesse, est dépeinte comme étant très faible, alors que Finette Cendron était très indépendante. Désirée, est décrite comme étant très émotive : « elle se prit à pleurer » et « la petite biche se prit à pleurer, elle sanglotait presque comme une personne » (d’Aulnoy 120) et l’importance de la beauté, à l’époque ou d’Aulnoy vivait, est soulignée dans la description de la princesse « Désirée, plus belle et plus brillante que tous les astres ensemble » (d’Aulnoy 125). Ceci est différent de la description du prince, qui est appelé « le prince guerrier (c’est ainsi qu’on le nommait depuis qu’il avait gagné trois grandes batailles) » (d’Aulnoy 106). Une dernière chose qui la connecte à Finette Cendron est la description de sa gentillesse, « elle eut la générosité de demander leur grâce et ce ne fut pas sans admirer son bon cœur » (d’Aulnoy 139) ce qui transmet le message que la gentillesse mène au bonheur pour toujours.
La version de Charles Perrault intitulée La Belle au Bois Dormant est différente. Au lieu de se transformer en biche, le bébé est censé mourir le jour de ses 15 ans en se « perçant la main d’un fuseau » (Perrault 26). Cependant une bonne fée, qui s’était cachée avant qu’elles donnent les cadeaux change le sort pour qu’elle dorme 100 ans. Dans cette version, l’amour est représenté très différemment. Le prince est décrit comme « poussé par l’amour et par la gloire » et « qu’il l’aimait plus que lui-même, » alors qu’il ne l’avait jamais rencontrée et qu’elle dormait depuis 100 ans (Perrault 31). La représentation des femmes est toujours autant centrée sur la beauté. La princesse est décrite comme étant « la plus belle personne du monde » (Perrault 29) et « on eût dit un Ange, tant elle était belle » (Perrault 29) et même quand elle était endormie « ses joues étaient incarnates, et ses lèvres comme du corail » (Perrault 31). Le prince a vécu une aventure incroyable pour aller la sauver, et la seule raison pour cela est parce qu’elle avait été décrite comme étant « la plus belle du monde » (Perrault 33). Il n’y a pas plus évident comme exemple de « demoiselle en détresse », ce qui dépeint les femmes comme faibles et ayant besoin d’être sauvées par un homme, que la princesse qui dort pendant 100 ans et peut seulement être sauvée et réveillée par le prince. Le nom de la princesse a été changé dans la version de Disney car Aurore était le prénom de la fille du prince et de la princesse dans la version de Charles Perrault mais dans la version de Disney, Aurore est la princesse qui se fait ensorceler par la méchante fée. La version de Charles Perrault peut être décrite comme « fondée sur une vue assez traditionnellement patriarcale » (Semsar, 1). Cependant, le message de cette histoire est que l’amour peut attendre.
Comme pour Cendrillon, la version de La Belle Au Bois Dormant de Disney reste plus proche de la version de Charles Perrault que de Madame d’Aulnoy, en enlevant et changeant certaine chose. Cependant, vu que c’est un dessin animé, il est beaucoup plus détaillé dans la représentation de la personnalité, et des connexions entre les personnages. Alors que la version de Charles Perrault ne parle pas vraiment de la relation entre le prince et la princesse, le film de Disney explique que leur mariage est arrangé depuis la naissance d’Aurore, la princesse, pour unir leurs 2 royaumes. Ils ne se connaissent pas du tout, mais sont dépeints comme étant un « véritable amour », un concept que Disney répète dans plusieurs films pour montrer qu’il n’y a personne d’autre pour les princesses et qu’elles doivent toujours épouser un prince. Dès le début du film, dès la naissance miraculeuse d’Aurore, le mariage devient une partie énorme de cette histoire. Alors que la pauvre princesse n’a même pas un an, sa vie et son mariage sont déjà décidés pour elle. Ceci montre une grande différence avec le conte de d’Aulnoy, car le prince et la princesse se sont rencontrés et le mariage n’était pas arrangé par leurs parents. Ils ont eu la chance de se rencontrer, même si la princesse était une biche. Les cadeaux des fées marraines pour Aurore sont aussi très spécifiques pour les femmes. On lui offre « la beauté » et « une belle voix » ce qui est important dans l’histoire, car elle chante, ce qui est important dans l’éducation des femmes de 1950. Elle aurait pu recevoir l’intelligence, l’indépendance, la force, ou simplement le bonheur, mais ces traits n’étaient pas importants pour les femmes dans les années 1950 et ces caractéristiques étaient réservées aux hommes. Cependant, il y a une chose que nous retrouvons de ce dessin animé de Disney que le dessin animé de « Cendrillon » avait aussi, mais que les versions écrites n’ont pas, et ceci est l’importance de rêver et d’avoir des buts. Aurore dit « si tu rêves de quelque chose plusieurs fois, ça va arriver » (Disney).
Les contes de Madame d’Aulnoy ont beaucoup plus de nuances féministes. Les contes de Charles Perrault n’ont pas cela, mais ses histoires restent connues aujourd’hui. Une des raisons pour cela sont les dessins animés de Disney qui ont préféré rester proche des versions de Charles Perrault au lieu des versions de d’Aulnoy qui étaient moins connues. La vue de Madame d’Aulnoy sur le monde, en tant que femme, change les traits des personnalités et les aventures que les personnages, surtout les femmes, éprouvent dans ses contes. Charles Perrault, ayant vécu à la même époque que Madame d’Aulnoy, a un point de vue différent en tant qu’homme, donc il a représenté les femmes comme faibles sans avoir de prince. Les premiers films de princesses que Disney a créés dans les années 1950 avaient les mêmes caractéristiques car ils sont basés sur les versions de Perrault. Au fil des années, Disney a changé la façon dont les femmes sont dépeintes. Au lieu de seulement les décrire comme faibles, toujours en train de laver et de cuisiner, ou d’avoir besoin de l’aide d’un prince pour se sortir de leurs situations, les films de Disney ont créé des héroïnes très fortes qui sauvent le monde. Avec la création d’héroïnes telles que Vaillana, Elsa, Mulan et Merida, les femmes dans les films et dessins animés fantastiques sont devenues puissantes, et indépendantes.
BIBLIOGRAPHIE
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